Épisode 1
Naissance et origines

Naissance et origines

A Marseille, le 29 Janvier 1823, à 4 heures du matin, naît au 19 Allées des Capucines (actuellement 33 Allées Léon Gambetta), Joseph-Marie Timon-David. Sa mère a 40 ans, son père, 68 ! Fou de joie ce dernier va, dès l’aube, annoncer la naissance de son 6° enfant à toute la famille. A 7 heures le vicaire de la paroisse vient ondoyer le nouveau-né ; les cérémonies du baptême seront supplées le 23 Juin de la même année en l’Eglise Saint Vincent de Paul. Son parrain était le Marquis de Foresta, Préfet du Finistère, chevalier de l’Ordre de Malte et de la Légion d’Honneur ; sa marraine, Madame de Foresta, née de Rémuzat.

La famille paternelle, originaire du Dauphiné est à Marseille depuis deux siècles quand naît Joseph ; famille bourgeoise dont le nom est connu dans la cité phocéenne en particulier dans le monde de la magistrature et des affaires. Sa mère, quant à elle, est originaire de Carpentras. Etrange mariage dont l’écart d’âge entre les époux s’explique en partie par l’histoire récente des deux familles. Les familles paternelle et maternelle de Joseph ont, toutes les deux, beaucoup souffert de la Révolution Française : guillotine pour les uns, émigration et exil pour certains, misères pour d’autres, perte des biens pour tous.

Jean-François Timon-David, né en 1755, futur père de Joseph dut émigrer en Italie. A Florence, il fait la connaissance de Joseph de Collet, né un an avant lui, en 1754, 1° Consul de Carpentras avant la Révolution. Une fois retourné en France, Jean-François âgé de 47 ans, sans être dans la gêne, mais sachant se contenter de peu, épouse l’une des filles jumelles de Joseph de Collet, Mélanie, âgée de 19 ans. Mélanie, connut, elle, la Terreur durant son enfance alors que son père était exilé en Italie. Agée de 11ans, le 9 Mai 1794, elle voit la maison familiale pillée. Sa mère est mise en prison ; Mélanie et sa sœur jumelle sont jetées à la rue, recueillies par leur bonne avec laquelle elles vécurent dans la plus grande misère, n’ayant plus aucune ressource. huit mois plus tard, la chute de Robespierre évite à leur mère l’échafaud.

L’histoire de ses propres parents fera que Joseph-Marie Timon David vivra toujours avec une horreur viscérale de toute révolution.

« Je crois que chaque individu est la somme totale des vertus et des vices de ses ancêtres et j’ai toujours béni le Bon Dieu de m’avoir permis jusqu’ici aucune tache dans ma famille » écrira, adulte, le Père Timon-David.

Les qualités de ses « ancêtres » se transmettaient dans la famille. De son grand-père paternel, Jean Timon-David ( 1712-1793) Joseph hérita certainement son estime pour les valeurs humaines, son sens aigu de l’honneur, son amour de la famille, l’intelligence des affaires et de l’administration.

Jean s’illustra dans le commerce, par sa richesse et son héroïque honnêteté. Lancé dans le grand négoce et la banque et l’armement des navires par ses oncles David, il accepta d’unir leur nom au sien et épouse une demoiselle de Foresta-Collongue. Grande vie, grand train, un magnifique hôtel, une « maison de campagne » qui est à l’origine de la Timone, de nombreuses et très hautes relations. Mais tout cela ne l’empêche pas de garder un grand sens moral : un de ses fils, est menacé de faillite. Jean n’admettant pas que son nom « chante dans une faillite » et malgré tous les avis contraires, préfère jeter dans le gouffre toute une partie de sa fortune pour que l’honneur de la famille soit sauf !

Mais Jean était bien digne aussi de son propre père, Ange-Barthélémy Timon (1669-1720) qui fut un magistrat intègre, victime de son devoir : empoisonné par un condamné, il défend à ses enfants de rechercher l’auteur de sa mort.

Le père de Joseph, Jean-François fait de lui en particulier, un homme de « principes ». Mais Jean-François meurt quand Joseph a 10 ans.

C’est sa mère qui le marqua le plus. Femme remarquable tant par son intelligence, sa sensibilité que ses nombreuses épreuves supportées avec courage, elle élève son dernier fils avec un grand amour de sorte qu’un lien étroit se crée au fil des ans entre la mère et le fils. Les quatre enfants aînés meurent prématurément et le cinquième est sujet à problèmes. Le papa, quant à lui meurt à 78 ans alors que Joseph n’a que 10 ans. C’est Madame Timon-David qui va donner à Joseph l’essentiel de son éducation et qui va forger son caractère. « Pour moi, écrit-il après la mort de sa mère, j’admirais ses belles qualités, son grand sens , son tact exquis, sa sensibilité, son esprit surnaturel, sa douceur, sa bonté. Mais toutes ces qualités étaient surpassées par une bien plus grande : “elle m’aimait” ». Cet enfant, elle ne le souhaitait pas. En 1823, elle avait quatre garçons bien vivants, une fille étant morte. Les revenus familiaux étaient plus que modestes. On se passait de domestiques. Mais Madame Timon David a la foi. « Son confesseur, Monsieur Castinel, un saint prêtre en qui elle avait la plus grande confiance, la consolait en lui promettant que ce nouvel enfant serait un jour sa consolation. Par son conseil, elle me consacra à la Sainte Vierge avant de naître. Ce digne prêtre lui promit en outre de dire tous les samedis la messe pour moi jusqu’ à sa mort. Vraiment je rougis en pensant à tout ce que Dieu a fait pour moi et au peu de fruits que j’ai fait produire à mon âme après de si grandes faveurs » écrira Timon-David.

à suivre…