Voici donc le récit des Annales (vII, pages 6O-61)
Au mois de mai (1847) précédent, nous étions allés nous promener à la jolie maison de campagne que possède l’Oeuvre de M. Allemand, à Saint Just. Au détour de la traverse Chape, un portail était entr’ouvert.
Que vois je ?
Un magnifique local bordé d’oliviers, avec une petite maisonnette et une grande salle d’auberge à côté. Le terrain tout vert de l’herbe des champs, était émaillé de coquelicots vraiment, c’était le plus admirable local qu’on pût désirer pour une Œuvre. Les plus tristes réflexions nous firent tristement fermer la porte et continuer notre route. Ce local était il à vendre ? et si on voulait s’en dessaisir, où prendre l’argent pour acheter cinq mille mètres de terrain aux portes de la ville, sur la limite de l’octroi, qui était alors à la rue d’Oran ? D’ailleurs, un cercle, dit des Boulomanes, avait loué cet enclos avec un long bail, et l’attirail d’un entrepreneur maçon, fabricant de mosaïques, remplissait tout le hangar du fond et une portion de la cour. Je n’osais plus penser à ce beau local, trop beau pour notre petite Œuvre. M. Brunello s’était dit de l’acheter. Le vendeur demandait 66.000 Fr., avec l’adjonction d’un second lot de terrain de 4.000 Fr., pour servir d’entrée par la rue d’Oran, et les frais, 4.235 Fr., cela faisait 74.235 Frs. Les obstacles étaient immenses. M. Brunello demandait cette somme à ses collaborateurs, peu disposés à la donner. Leur résistance fut longue ; elle semblait invincible, quand je partis pour Fribourg, à la fin de juin.
L’HCFO (Historique Confidentiel de la Fondation de l’Oeuvre) (v33, page 208) donne quelques précisions sur les difficultés rencontrées par M. Brunello auprès de ses confrères.
Deux seuls membres de l’Institut possédaient encore une maison chacun. M. Esprit Héraud qui en avait une rue Tapis vert, fut conjuré de vendre sa maison, mais il résista d’une manière aussi désespérée qu’inattendue. Le passé de l’Institut avait tant de catastrophes à raconter, que sa résistance n’était pas sans motif. Les mois se passaient, les instances de Titius (M. Brunello) devenaient plus pressantes ; il était le Supérieur de M. Héraud, il était son Directeur, M. Esprit se désolait. Peu intelligent, il n’était pas de force à résister contre Titius, aussi devait il tôt ou tard consentir à cette vente, mais il ne céda que fort tard.