Je viens, comme un importun, au milieu de vos courtes vacances, vous prier de me rendre un service. Vous savez que je m’occupe de tout ce qui concerne les classes ouvrières, et en particulier de ce qu’elles peuvent espérer du patronage de l’Eglise, je ne dirai pas pour arriver au ciel, où elles ne sauraient arriver autrement, mais pour s’entraider sur la terre où l’égoïsme et l’isolement enfantent la misère que la charité seule et des associations fraternelles parviendront à soulager.
Je sais que nos saintes églises méridionales ont réuni et qu’elles maintiennent des confréries nombreuses et diverses qui rendent de grands services au double point de vue de la vie présente et de la vie future. Il me serait très utile de connaître leur origine, leur organisation, leurs rapports avec les autorités religieuse, civile et municipale, leurs exercices divers, soit généraux, soit particuliers, dans l’église ou à la campagne, leurs fêtes, leurs costumes, leurs bannières, les droits pécuniaires qu’on leur fait payer, tant à la réception de chaque membre qu’aux diverses réunions où ils se rassemblent, leurs devoirs les uns par rapport aux autres, les avantages et les garanties qu’ils trouvent en cas de maladie et de chômage, les patrons qui les soutiennent et par quels sacrifices, les directeurs qui les gouvernent et d’après quelles règles, etc…
Il doit y avoir à Marseille des livres spéciaux où se trouvent, avec l’historique des confréries, les statuts de chacune d’elles ; si par hasard je ne me trompais pas dans mes prévisions, je vous serais fort obligé, monsieur l’abbé, si vous me procuriez ces livres et ces documents dont j’aurais l’honneur de vous remettre le prix avec mes remerciements. Je suis bien hardi, n’est ce pas, de m’adresser ainsi à vous sans façon, mais vous m’avez paru si bon et si zélé que je me décide à vous importuner, sûr que les motifs qui m’animent sont les vôtres et que vous serez heureux de contribuer à l’amélioration physique et morale de nos pauvres frères de Paris.
Abbé Le Dreuille, prêtre, 22 septembre 1845