PROJET D’UNE COMMUNAUTÉ DESTINÉE À L’ÉDUCATION DES ENFANTS DU PEUPLE (1859)
- Le seul but de cette communauté sera le soin spirituel des enfants du peuple.
- Cette communauté travaillant dans une portion d’un troupeau qui a déjà ses pasteurs, elle fera une profession spéciale d’obéissance à l’évêque pour ne jamais travailler que par son ordre et sous sa dépendance.
- Elle vivra aussi dans l’union et la déférence la plus parfaite, non seulement avec les autre prêtres dont elle se regardera comme les auxiliaires et les serviteurs, mais encore avec les membres des autres communautés religieuses qui s’occupent déjà du soin des enfants du peuple.
- Nous remettrons à l’expérience, à l’inspiration de la grâce, à la ferveur des premiers membres, le soin d’écrire nos Règles. Pauvreté aussi parfaite que pourra prudemment nous le permettre notre état dans le monde. Tout en conservant notre forme de vie extérieure, nous la rapprocherons le plus possible de la manière de vivre de nos enfants. […]
- Pour l’obéissance, nous suivrons d’aussi près que possible les règles des ordres les plus sévères. L’obéissance sera, comme elle l’a toujours été jusqu’ici, l’une de nos vertus principales.
- Tous les membres de cette communauté devant se consacrer au salut des âmes, la pénitence, la mortification, la vie humble et cachée sont indispensables pour toucher le Cœur de Dieu et lui gagner les pécheurs. La Règle prescrira donc un certain nombre de pénitences corporelles proportionnées au peu de santé de notre siècle, et au besoin de forces que nous avons dans notre laborieux ministère ; mais en revanche, elle poussera très loin les pratiques de pénitence et d’humilité qui, sans toucher à la santé, peuvent mortifier le caractère, la volonté et l’amour-propre.
- Le zèle sera le caractère distinctif de notre société, zèle brûlant et dévorant pour le salut des pauvres enfants. Notre vie entière, notre travail, nos prières, nos mortifications, tout devra converger vers ce but. Nous nous considèrerons comme les serviteurs et les esclaves des âmes des jeunes gens, c’est le seul moyen de réussir dans ce pénible ministère.
- L’oisiveté, la paresse, la vie commode doivent être incompatibles avec notre état. Les prêtres travailleront donc à s’instruire beaucoup, parce que sans étude, ils n’auraient ni connaissances, ni jugement solide pour la conduite des âmes. Ils éviteront les études purement curieuses ou seulement spéculatives, leur travail devant avoir pour but constant le salut des jeunes gens. Abandonnés au soin des âmes, ils ne se livreront pas tellement à cette occupation extérieure, qu’ils ne prélèvent un temps considérable et réglé par l’obéissance à l’étude successive et toujours renouvelée de l’Ecriture Sainte, du dogme, de la morale, de l’ascétique, de la liturgie, de l’éloquence sacrée et en général de tout ce qui fait partie des saintes sciences ecclésiastiques qu’ils auront en une haute estime. L’obéissance réglera toutes ces études. […] Ils prépareront avec soin leurs instructions et surtout les catéchismes dans lesquels ils devront exceller par-dessus tout. […] Une excellente occupation pour les prêtres sera d’instruire dans les belles lettres les enfants pauvres qui veulent devenir prêtres et qui, sans cela, n’en auraient pas les moyens, car jamais nous ne devrons nous occuper des enfants qui sont à leur aise. […]
- La piété s’affaiblissant de plus en plus dans notre siècle, Il faut en faire une mention spéciale. On rejettera de nos oeuvres toute méthode qui ne mettrait pas la piété comme principal moyen et seul but de nos efforts. Mais pour l’inspirer aux autres, il faut l’avoir nous-mêmes et la faire passer avant tout autre devoir, quel qu’il soit. Tous les matins, la méditation, la sainte messe et l’examen particulier. Tous les après-midis : lecture spirituelle, adoration, chapelet, sans compter la prière du matin et du soir et le saint Office pour les clercs. Confession hebdomadaire, fréquente communion, la coulpe, la direction. Pour pratiques intérieures, recueillement, présence de Dieu, silence absolu hors des heures de récréation, à moins de nécessité.
- Tous les membres de la communauté ne formeront qu’une famille, tous égaux, à part les différences que les saints ordres donneront aux uns sur les autres, conformément à l’esprit de Jésus-Christ et de l’Eglise. Si l’union et la charité qui ont régné jusqu’ici continuent toujours, il n’y aura pas plus de difficultés à ce mélange qu’il n’y en a eu jusqu’ici.
- En attendant que ce projet ait reçu la sanction de l’expérience, nous ajournerons la question de savoir si cette petite société doit être une communauté régulière ou séculière, si elle doit faire ou ne point faire de voeux. Nous conjurerons Monseigneur l’Evêque de vouloir bien permettre aux sept membres qui forment actuellement la communauté, de se lier par voeux à faire pendant cinq ans l’essai de ce projet. Ce temps est nécessaire pour donner le temps à la sainte volonté de Dieu de se manifester.