Sous-diaconat – 1er juin 1844

Les paroles me manquent pour exprimer ce que je sens ! Quoi, mon Dieu, vous avez daigné agréer mon sacrifice, je suis à vous pour toujours, lié par des liens que rien ne peut rompre, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni dans le temps ni dans l’éternité… (…) Mes souhaits sont enfin accomplis, ce que je désirais depuis que j’ai l’âge de raison vient d’arriver.

Je suis à Dieu, à Dieu pour toujours !

Que rendrai je au Seigneur ? Vous avez tout fait jusqu’ici, ô mon Dieu : continuez, de grâce ! ne laissez pas un instant votre petit enfant qui n’espère qu’en vous. (…) Que je travaille surtout à acquérir les trois vertus que l’Eglise m’ordonne de pratiquer.

O sainte virginité ! Ce sera désormais ma vertu chérie. Depuis ma plus tendre enfance, vous m’avez donné, ô mon Dieu, d’en connaître le prix et de la chérir. C’est pour m’en inspirer l’amour que vous avez opéré en moi tant de merveilles pendant mon séjour à Fribourg ; discontinueriez vous maintenant, ô mon Dieu, maintenant que je vous l’ai vouée, en face de votre saint autel, devant votre pontife, devant tous mes frères, devant toute l’Eglise de la terre et du ciel ?

C’est la grâce la plus précieuse que je doive solliciter de vous aujourd’hui. Mon Dieu, mon divin jésus, que je meure vierge, digne de votre prédilection, digne des regards de votre bonne Mère que j’ai prise et que je prends de nouveau aujourd’hui comme gardienne de ma chasteté.

Je sens que nonobstant ce que j’ai fait jusqu’ici, cependant la pureté ne tient qu’à un fil ; mille fois, je me suis vu au bord du précipice ; vous m’avez toujours empêché d’y tomber, parce que vous vous réserviez mon coeur, vous ne vouliez pas qu’au jour de mon sous diaconat je n’eusse à vous offrir que des restes d’un cœur qu’un autre aurait occupé avant vous.

1er juin 1844

(Ces notes se terminent sur une invocation à Marie « par qui passeront toutes les grâces » nécessaires à la fidélité.)